Le ministère des Armées, une mission cinéma aux avant-postes de la création

Le ministère des Armées, une mission cinéma aux avant-postes de la création

16 mai 2024
Cinéma
Le Chant du loup d’Antonin Baudry © Marine Nationale
« Le Chant du loup » d’Antonin Baudry Marine Nationale

Riche d’un patrimoine immobilier et d’équipements d’exception, le ministère des Armées est un partenaire majeur de la création cinématographique et audiovisuelle. À l'occasion du Festival de Cannes, éclairage avec Eve-Lise Blanc-Deleuze et Mickaël Molinié de la Mission cinéma et industries créatives (MCIC).


En 2016, le ministère des Armées crée la Mission cinéma, qu’il étend en 2019, aux industries audiovisuelles, au jeu vidéo, ou encore à la bande dessinée, en la rebaptisant Mission cinéma et industries créatives (MCIC). Leur accompagnement personnalisé prend diverses formes selon le projet et le suivi de l’étape, et peut aller de l’écriture à la promotion du film.

Avant tout, la MCIC est la plus souvent sollicitée pour des recherches de décors. « Le ministère des Armées est le premier propriétaire foncier de l’État français », rappelle Mickaël Molinié, chargé de mission. Ce patrimoine permet au ministère des Armées de proposer une grande variété de lieux adaptés à des projets d’envergure et de genre très différents. « Nous pouvons proposer des bâtiments prestigieux et chargés d’Histoire (l’Hôtel des Invalides, par exemple), des bases militaires terrestres, navales ou encore d’immenses camps (celui de Sissonne dans l’Aisne, entre autres) éparpillés sur l’ensemble du territoire national », liste Eve-Lise Blanc-Deleuze, cheffe de la MCIC. Ces dernières années, la base navale de Brest a été l’un de leurs décors les plus demandés. Elle a servi, notamment, aux films Volontaire (2018) d’Hélène Fillières et Le Chant du loup (2019) d’Antonin Baudry. « Nous pouvons également accueillir des films sans aucun rapport avec nos thématiques. Cela a été le cas de Mademoiselle de Joncquières (2018) d’Emmanuel Mouret ou de OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire (2021) de Nicolas Bedos », précise Eve-Lise Blanc-Deleuze.

Des tournages aux conseils historiques

Plus récemment, la MCIC a également accompagné le tournage du film Tirailleurs (Mathieu Vadepied) dans lequel Omar Sy campe le rôle d'un tirailleur sénégalais qui cherche à sauver son fils des affrontements de la Première Guerre mondiale. Pour ce long métrage, à la demande du réalisateur, la MCIC a produit une réplique exacte du drapeau utilisé par le régiment sénégalais des troupes coloniales françaises, conservé par le Service Historique de la Défense (SHD). Côté séries, la fiction Les Combattantes sur le parcours de femmes françaises à l’arrière-front durant la Grance Guerre, diffusée sur TF1, a elle aussi bénéficié de nombreux conseils historiques de la part de la MCIC, allant de la médecine de guerre à la fabrication de campements. 

Sentinelles Benjamin Beni / OCS

Immersion dans la vie militaire


L’accueil des tournages est loin d’être le seul soutien apporté par le ministère des Armées aux projets cinématographiques et audiovisuels. « Notre panoplie est extrêmement large », rappelle la cheffe de la MCIC. « Au-delà de l’accueil de tournages et des possibles soutiens matériels, nous offrons, en parallèle, un accompagnement immatériel important : du conseil à l’écriture à la promotion du projet fini, en passant par des formations d’acteurs qui leur permet de rencontrer leurs homologues réels ». Cette méthode a servi à la préparation de la série Sentinelles (OCS). « Pendant une semaine, les interprètes ont vécu la vie militaire. Ils ont été formés au maniement des armes ou encore au levé de drapeau pour gagner en crédibilité ». Les conseils scénaristiques, techniques ou historiques prodigués par les différents services ne supplantent pas la dimension artistique. « La création aux créateurs, rappelle Mickaël Molinié. On ne tient jamais la plume de l’auteur ».
Cette mobilisation du ministère des Armées en faveur de la création cinématographique et audiovisuelle est aussi un moyen de mieux s’ouvrir au grand public comme l’explique Eve-Lise Blanc-Deleuze. « Notre objectif est de communiquer et faire comprendre aux citoyens le rôle et la mission des armées. Il n’est pas question d’enjoliver mais de montrer la difficulté et la beauté du métier, les enjeux et le courage de ces hommes et de ces femmes ».

Photo de tournage de L'Île Rouge (Robin Campillo), à la base aérienne 701 Salon-de-ProvenceDICoD