Quelle est votre formation et comment avez-vous eu envie d’animer des ateliers d’apprentissage de l’animation stop motion ?
J’ai été formée à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris et c’est pendant mon année de césure, au Mexique, que j’ai commencé mes premiers ateliers à destination des enfants, puis des adultes. J’ai adoré leur donner les moyens de construire leur imaginaire, de matérialiser des idées en apprenant un processus et en maîtrisant différentes techniques. Ces ateliers ouvrent au public des possibilités insoupçonnées. J’adore observer l’effet de surprise quand les participants se rendent compte du résultat. J’aime transmettre mon savoir et qui sait, donner envie d’aller plus loin.
L’animation traditionnelle passionne-t-elle autant que l’animation numérique ?
Dans notre société tournée vers le numérique, il faut proposer autre chose. Plus on transmettra ce savoir-faire, plus il perdurera. Pour moi, c’est une richesse, un trésor. Dans l’animation stop motion, les champs des possibles sont infinis. Le fait de toucher la matière de son film est quelque chose de merveilleux aussi. Il y a toujours des surprises.
Comment fonctionnent vos ateliers ?
Je commence l’année par une présentation de jeux optiques qui permettent de comprendre les mécanismes de l’animation. Après, on découvre les différentes techniques comme le papier découpé, la peinture et le sable animés, la pâte à modeler, les marionnettes, à travers des courts métrages de patrimoine ou plus récents.
Quels sont les films que vous montrez aux participants ?
En sable animé, je montre le court Guaxuma de Nara Normande sur lequel j’ai un peu travaillé, mais aussi Vasco de Sébastien Laudenbach, Le Château de sable de Co Hoedeman, les films de Ferenc Cakó, de Gisèle et Nag Ansorge. En peinture animée, j’aime leur présenter les œuvres de Georges Schwizgebel, Florence Miailhe, Gianluigi Toccafondo, et évidemment Alexander Petrov. En papier découpé, je mets en avant le travail de Lotte Reiniger et celui de Youri Norstein. En pâte à modeler, il y a les incontournables des studios Aardman, les films d’Art Clokey… Je montre aussi des courts faits par des étudiants, jeunes diplômés, notamment la série En sortant de l’école de France Télévisions.
Quelle est l’étape suivante ?
Je présente les grands principes de l’animation, la décomposition du mouvement, l’utilisation de logiciels de captures, etc. Je cherche à donner à mes stagiaires tous les rudiments, toutes les notions qu’ils doivent connaître pour être un peu autonomes. Ils rentrent alors dans une phase d’expérimentation des techniques pour vraiment sentir où vont leurs affinités. Je les invite à en tester plusieurs. Ils appliquent leurs connaissances dans un petit exercice – une boucle animée de 10-15 secondes – pour travailler la synchronisation et l’animation. Après, ils choisissent librement d’utiliser une technique ou d’en mélanger plusieurs pour développer un projet personnel.
Comment les accompagnez-vous ?
Je les guide sur l’écriture du scénario, le story-board, l’animatique (l’enregistrement du story-board synchronisé sur la bande-dialogues), jusqu’au tournage. À l’atelier, nous avons deux plateaux pour la marionnette et la pâte à modeler et plusieurs bancs-titres. Je leur apprends à maîtriser des logiciels d’animation en volume comme Dragonframe ou Stop Motion Pro. Ensuite, je les assiste au montage.
À quel type de public s’adressent ces ateliers ?
On a des profils assez variés. Il y a des gens qui sont déjà un peu dans le milieu créatif ou qui sont bricoleurs et d’autres qui sont totalement novices. Certains arrivent même avec des scénarios bien ficelés. Mais ces ateliers sont ouverts à tous, même à des gens qui ne sont pas à l’aise en dessin ou habiles de leurs mains. Une année de cours permet juste une bonne approche du processus. Mais je suis souvent surprise du résultat. Il y a quelque chose de magique !