Réfugié en France après avoir échappé aux khmers rouges qui ont massacré sa famille, Rithy Panh a consacré sa filmographie à ce génocide qui le hante depuis toujours. Les documentaires de ce cinéaste de la mémoire font désormais partie du patrimoine mondial. S21, la machine de mort khmère rouge, Duch, le Maître des forges de l’enfer ou L’Image manquante sont des témoignages inestimables sur les mécanismes qui mènent à la barbarie, doublés de réflexions métaphysiques et philosophiques sur la condition humaine, le deuil et la résilience.
Son dernier documentaire, Les Tombeaux sans noms, vient d’être diffusé sur Arte, qui propose en exergue une rencontre avec Rithy Panh, filmée en mars dernier lors du Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève. Le réalisateur revient sur la conception de ce film dédié aux âmes de ses proches qui, selon les croyances bouddhistes, sont condamnées à l’errance en l’absence de sépultures. À une spectatrice s’interrogeant sur le fait qu’il semble ne pas toujours croire ce que les intervenants lui racontent, il a cette réponse magnifique. « Croire, c’est très cartésien et occidental. Je préfère l’expérience. Si je vous dis que j’ai vu des fantômes, vous ne me croirez pas et pourtant j’en vois... La réalité des choses n’est pas à sens unique. Lutter contre l’anéantissement demande un peu plus qu’un simple recueil de témoignages. Il faut de la création, de la poésie. »
Cette rencontre, modérée par James Burnet, journaliste spécialiste de l'Asie du Sud-Est, est disponible pendant un an sur le site Arte.tv.