Une garce inconsciente/Un amour (1966)
Il s’agit de l’adaptation du roman de 1963 Un amour (le titre français racoleur disparaîtra pour être remplacé par celui de l’œuvre originale), racontant le déchirement d’un architecte milanais entre ses deux maîtresses, une femme d’âge mûr et une jeune prostituée occasionnelle. Le seul film que Buzzati a pu voir de son vivant, puisqu’il disparaît six ans plus tard. Une garce inconsciente est une comédie de mœurs légère tournée par un artisan du cinéma italien, Gianni Vernuccio, dans laquelle on croise Gérard Blain et où Agnès Spaak joue Laide, la jeune call-girl.
Le Désert des Tartares (1976)
Le roman le plus célèbre de Buzzati, celui qui lui a apporté la gloire, est paru en 1940, à l’époque où il était correspondant de la marine italienne : il raconte la longue attente d’un soldat aux portes d’un désert fictif d’où sortira peut-être un jour un ennemi ancestral. Sur grand écran, Le Désert des Tartares devient un film d’aventures à grand spectacle, avec une distribution internationale (Philippe Noiret, Vittorio Gassman, Max von Sydow, Fernando Rey…) au son d’une partition mélancolique d’Ennio Morricone. Le héros, Drogo, est joué par Jacques Perrin, également producteur. Le Désert des Tartares est certainement l’œuvre la plus célèbre de son réalisateur Valerio Zurlini, qui tourna plusieurs films avec Perrin, Mastroianni ou Jean-Louis Trintignant.
Il segreto del bosco vecchio (1993)
L’un des premiers romans de Buzzati, paru en Italie en 1935 (en France, la traduction ne sera faite qu’en 1959). Un récit purement fantastique qui a l’allure d’une fable située à la lisière entre deux mondes : un colonel hérite d’un domaine où se trouve un vieux bois hanté par les esprits des arbres. Inédit en France malgré le prestige de son réalisateur, Ermanno Olmi, auteur de la chronique paysanne L’Arbre aux sabots, Palme d’or au Festival de Cannes 1978. La photo est signée du grand chef opérateur Dante Spinotti (La Légende du saint buveur, L.A. Confidential, Heat…).
Barnabo des montagnes (1994)
Autre adaptation d’un roman « primitif » de Buzzati, paru en 1933. Un prototype du Désert des Tartares, puisque le roman raconte la solitude d’un garde forestier chargé de protéger une poudrière dans un coin perdu à la fin de la Première guerre mondiale… Sélectionné à Cannes 1994, produit avec la France et la Suisse, réalisé par Mario Brenta, complice d’Ermanno Olmi (avec qui Brenta a fondé une école de cinéma, Ipotesi, située à Bassano en Vénétie). Lent, contemplatif, Barnabo des montagnes s’envisage ainsi comme le double-thème d’ailleurs très « buzzatien » du film d’Olmi sorti un an plus tôt.
La Fameuse Invasion des ours en Sicile (2019)
Paru en 1945, ce roman pour la jeunesse raconte en creux la défaite du fascisme et de tous les impérialismes, tout en croisant les références au roman populaire italien et à la fable animalière. Le défi de la version cinéma -forcément animée- était de proposer une nouvelle vision de l’œuvre originale puisque celle-ci est illustrée par Buzzati lui-même, et le texte ne peut être séparé de ses magnifiques dessins au trait. Le réalisateur, Lorenzo Mattotti, également illustrateur connu pour son fabuleux travail sur les pastels et la couleur (il a dessiné l’affiche du Festival de Cannes 2000), a trouvé une entente parfaite entre son style et la simplicité de Buzzati. Il en résulte une œuvre colorée, impressionniste, dont l’épure tranche avec le désir de réalisme à tout prix des autres films d’animation actuels.
La Fameuse Invasion des ours en Sicile, en salles le 9 octobre, a bénéficié de l’aide au développement de projets de long métrage, l’avance sur recettes avant réalisation et l’aide à la création visuelle ou sonore, et l’aide au développement d’œuvres cinématographiques franco-italiennes.