Que signifie la dénomination de « création XR » ?
C’est une notion assez large. XR c’est littéralement l’Extended reality et ça renvoie à tous les environnements combinant réel et virtuel. La création XR interroge donc tout ce qui concerne le domaine de l'immersion, que ce soit la réalité mixte, augmentée ou bien virtuelle. Au NewImages Festival, on se concentre sur tout ce qui touche à la création numérique et les mondes virtuels, que l’on peut voir dans les différentes programmations.
Comment en êtes-vous venue à la création XR ?
À l’origine, ma mission aux Forums des Images était l’implantation de Tumo, l’école de la création numérique, où j’ai mis en place des programmes éducatifs autour du Design Thinking. Ma spécialité est la VR, l’un des domaines de prédilection du Forum des Images, et le passage à la XR s’est fait très naturellement.
Comment le Festival New Images a-t-il été mis en place ?
Tout est né d’une fusion qui a eu lieu en 2018 entre I Love Transmedia, un événement chargé d’assurer la promotion des contenus innovants, et le festival Paris Images, qui était aussi une production du Forum des Images. Au départ, l’idée était de promouvoir toutes les formes de nouvelles images. Aujourd’hui, on a dépassé ce cap en y associant le cinéma, le jeu vidéo et la BD. Lancer un festival en lien avec cette idée s’est imposée très rapidement, notamment parce qu’il y avait un besoin de rencontre autour de cette thématique. D’abord pour le public français, mais aussi international. Et aujourd’hui, on est presque le seul acteur dédié à ce domaine en France.
Le Festival New Images propose donc une compétition XR. Quelles sont les œuvres présentées ?
Il y a 13 œuvres immersives internationales présentées dans le cadre de cette compétition officielle et cette sélection représente parfaitement la diversité des formats existants puisqu’on passe de films en VR à des films 360, à de l’animation, du jeu vidéo… tout cela prouve, s’il était besoin, la capacité des auteurs à repousser les limites de la technologie et à renouveler les horizons de l’imaginaire. Certains films d’animation vont jouer avec l’idée d’immersion totale. D’autres contiennent tellement d'histoires qu’il faut les voir plusieurs fois pour en épuiser tous les possibles narratifs. Nous avons aussi des expériences 360 plus classiques (permettant d’expérimenter le montage). Des œuvres peuvent être vues grâce à un casque, d’autres via des appareils alternatifs posés sur le dos.
Justement, quels sont les moyens technologiques proposés au public pour découvrir les films pendant le festival ?
Il y a des téléphones portables, des tablettes, et tous les types de casque VR. J’espère que toute cette technologie pourra un jour tourner sur des casques entièrement français ! Et puisqu’il est question d’engagement, le festival travaille également sur le calcul de son empreinte carbone. On discute avec des producteurs et des chercheurs pour tenter de la réduire. Le plus important, c’est la fabrication des casques. Et si l’on veut réduire l’impact écologique de ces technologies, il va falloir revoir les moyens de fabrications.
Comment sont financées les œuvres XR ?
Le CNC aide certaines d’entre elles, aux côtés de différentes commissions et appels publics. Des plateformes, comme Oculus ou Meta, peuvent également participer au financement. Mais désormais des musées ou des institutions publiques investissent aussi le secteur. Avec des exemples récents galvanisants, comme l’exposition Odyssée Sensorielle qui a eu lieu l’année dernière au Musée de l’Histoire naturelle.
Quelle est la typologie du public qui vient au festival ?
C’est très varié. Il y a une section destinée aux professionnels, avec de nombreuses conférences, des workshops pour les auteurs et les producteurs, des réflexions autour de l’intelligence artificielle, des conférences sur tous les sujets d’actualité… On accueille les professionnels du secteur de la XR, mais également ceux de l’art numérique, parce qu’on propose désormais des œuvres qui ne sont pas forcément narratives. Parallèlement, nous accueillons de nombreux professionnels du secteur de la culture, ainsi que des personnes travaillant dans des lieux de diffusions et de distributions. On essaye également d’être de plus en plus en contact avec les musées, ainsi qu’avec le grand public qui vient tester notre technologie le week-end.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le programme d’accompagnement New Images Hub ?
J’avais envie de lancer un programme pérenne. Contrairement à d’autres festivals, Le Forum des Images est ouvert toute l’année. D’où l’idée de ce dispositif qui vise à soutenir les artistes, la création numérique et l'art immersif. Nous avons donc mis en place plusieurs structures et réseaux de soutien et, grâce à l’aide du CNC, nous avons même pu lancer notre première résidence. Nous regardons comment nous allons l’organiser, avec quels moyens nous mettrons en place les projets de création et comment ils seront diffusés… C’est passionnant : on réalise régulièrement des brainstormings. On va pouvoir envoyer nos étudiants à Taiwan, où ils vont travailler sur la phase de développement de leurs projets à travers des workshops et des mises en relations avec le marché. C’est très concret.
Comment voyez-vous le futur de la technologie XR ?
Nous attendons désormais les casques de réalité mixte légers, autonomes, et abordables. Du côté de la technique, je pense que l’on a bien avancé. Notre devoir est désormais de la rendre accessible au grand public. Au Forum des Images, on propose à des retraités de venir tester les casques XR et ils adorent ça ! Il y a encore trop de préjugés sur ce qu’est réellement la XR. Au-delà de la technologie, je reste persuadée qu’il faut désormais investir dans la distribution et l’accompagnement du secteur pour toucher plus grand public.
