Le documentaire a-t-il un genre ?
Alors que les changements de paradigmes des discours féministes et queer se sont désormais répandus au-delà des cercles universitaires et militants pour toucher des sphères beaucoup plus larges, des générations de cinéastes reconnus ou novices répondent, dans leurs pratiques, à transformer récits, regards et points de vue.
Leurs œuvres construisent une contre-culture à la norme « patriarcale », qui reste majoritaire. Comment s’incarnent ces subjectivités, et peut-on parler de « genre » (dans le sens du « gender » anglais) dans le cinéma documentaire ? Si le genre ne se confine pas forcément à l’identité, toute vision est-elle forcément genrée ? Et comment se construit alors l’identification ?
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Programme de la rencontre
- 10h30 : Introduction par Paul B. Preciado, philosophe, écrivain et réalisateur, animée par Fabrice Puchault, responsable de l’unité Société et Culture chez ARTE
- 11h30 : Conversation entre Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, cinéastes et artistes, animée par Elisabeth Lebovici, historienne de l’art, journaliste et critique d’art
- 14h30 : Entretien avec Kirsten Johnson, réalisatrice et directrice de la photographie documentaire, mené par Rémi Lainé, président de la Scam et réalisateur, et Marie Mandy, réalisatrice
- 16h30 : Masterclass avec Tabitha Jackson, réalisatrice, avec traduction par Massoumeh Lahidji
Paul B. Preciado
Paul B. Preciado est philosophe, écrivain et commissaire d’exposition. Il est un des penseurs contemporains les plus importants dans le domaine des études du genre, des politiques sexuelles et du corps. Chroniqueur régulier de nombre de journaux et de magazines français (Libération et Mediapart) et étrangers, il est l’auteur d’une œuvre puissante et originale largement traduite dans le monde (Manifeste contra-sexuel, Diable Vauvert, 2011 ; Testo-junkie : sexe, drogue et biopolitique, Grasset, 2008 ; Pornotopie, Climats, 2011 ; Un appartement sur Uranus, préface de Virginie Despentes, Grasset, 2019 ; Je suis un monstre qui vous parle, Grasset, 2020).
Joana Hadjithomas et Khalil Joreige
Les cinéastes et artistes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige travaillent entre photographie, installations, vidéo et cinéma, qu’il s’agisse de films documentaires ou de fiction. Ils questionnent la narration, la fabrication des images et des représentations, la construction des imaginaires et l’écriture de l’histoire. Leurs films ont été multi-primés : Memory Box (2021), Ismyrna (2016), The Lebanon Rocket Society (2012), Je veux voir (2008), A Perfect Day (2005)… Plusieurs rétrospectives de leurs films ont été présentées dans des institutions renommées. Leurs œuvres font partie des expositions et collections publiques et privées les plus importantes. Ils ont reçu le prestigieux prix Marcel Duchamp en 2017 pour leur projet Inconformités. Joana et Khalil sont tous deux très impliqués dans Metropolis, la cinémathèque de Beyrouth, et sont les cofondateurs d’Abbout Productions avec Georges Schoucair.
Elisabeth Lebovici
Historienne de l’art, ancienne journaliste à Libération et critique d’art, Elisabeth Lebovici collabore depuis les années 1990 à de nombreux ouvrages, séminaires et colloques consacrés aux artistes contemporains et contemporaines, au féminisme, à l’activisme, aux questions de genre et à la théorie queer. Avec Catherine Gonnard, elle a écrit Femmes/artistes, artistes/femmes, Paris de 1880 à nos jours (Paris, Hazan, 2007) et mené une recherche sur l’homosocialité dans les médias francophones des années 1950-1970. Depuis 2006, elle co-dirige un séminaire régulier à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) intitulé Something You Should Know : Artistes et Producteur·ices. Elle a été membre de « Travelling Féministe » autour des archives du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir. Ce que le sida m’a fait. Art et activisme à la fin du XXe siècle (Zurich, JRP Ringier, « lectures Maison Rouge », 2017) a inspiré l’exposition Exposé.esau Palais de Tokyo au printemps 2023. Elle tient le blog Le Beau Vice.
Kirsten Johnson
Kirsten Johnson est réalisatrice et directrice de la photographie documentaire. Elle a été la première Américaine à fréquenter la Femis, où elle a fait partie de la cinquième promotion du département de cinématographie. Son dernier film, Dick Johnson is Dead, a remporté un Emmy Award pour la réalisation et le Sundance Jury Prize for Innovation in Nonfiction Storytelling. Il a été présélectionné pour les Oscar et figure dans la collection Criterion, comme son film précédent, Cameraperson. Ce film, un mémoire composé de séquences qu’elle a tournées dans le monde entier, a été salué pour son enquête sur l’éthique du documentaire. Elle a travaillé avec des réalisatrice et réalisateurs tels que Laura Poitras et Michael Moore. Elle est membre de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences et fait partie des 5 % de femmes membres de l’ASC (American Society of Cinematographers).
Tabitha Jackson
Tabitha Jackson, désormais directrice indépendante dans le domaine du cinéma, a été directrice du Sundance Film Festival de 2020 à 2022, après avoir occupé le poste de directrice des programmes de films documentaires de l’institution durant sept ans. Avant de rejoindre Sundance, elle a été responsable des arts et de la performance chez Channel 4 Television à Londres et productrice exécutive de projets théâtraux non fictionnels chez Film4. Avec près de trente ans d’expérience, d’abord en tant que créatrice primée aux Emmy Awards, puis en tant que responsable des commandes et bailleur de fonds, elle s’est engagée en faveur d’une voix indépendante et alternative et continue de rechercher de nouvelles formes d’expression créative.