C’est au milieu des années 1980 que Fabrice Coat fait ses premiers pas dans le paysage audiovisuel français. En 1985, il fonde la société Program33 avec laquelle il commence à produire des programmes musicaux. À cette époque, un nouveau format émerge, celui du vidéo-clip. En pionnier, Fabrice Coat accompagne cette petite « révolution audiovisuelle » née de la rencontre entre le monde de la musique que le producteur affectionne tant et le milieu de la télévision inventif et bouillonnant à l’orée de la décennie 1990. L’avènement du clip musical porte une nouvelle génération de réalisateurs sur le devant de la scène. Fabrice Coat les suit, les conseille et les produit. Ils se nomment Jean-Baptiste Mondino, Philippe André, Jean-Pierre Jeunet ou encore Philippe Gautier. Ces premières années marquent d’une pierre blanche l’identité de Program33 qui devient un acteur majeur du marché du clip avec plus de 400 productions à son actif.
Curieux et audacieux, Fabrice Coat cultive la prise de risques en quête de nouveaux défis dans ses missions de producteur comme dans ses activités annexes. Sortir des sentiers battus est dans son ADN. Il l’a déjà démontré au mitan des années 1970 quand il lance le mythique club parisien des Bains Douches avec son associé Jacques Renault. Dix ans plus tard, ils rachètent ensemble avec la même ferveur La Cigale à Paris, un ancien music-hall converti en cinéma, qu’ils transforment en salle de concert.
« Mieux voir et mieux dire le monde »
Au sein de Program33, Fabrice Coat explore progressivement de nouveaux formats et narrations. Il poursuit dans cette voie avec le magazine musical Tracks qui débarque sur le petit écran en 1997. Diffusé pendant plus de vingt ans sur la chaîne Arte, le magazine documente les cultures émergentes, donnant la parole aux artistes et activistes de la création qui échappent aux radars médiatiques.
Sous sa houlette toujours, Program33 continue de produire de nombreux documentaires musicaux et portraits d’artistes pour la télévision : NTM, Michel Jonasz, Oasis, Zazie… La société se diversifie par ailleurs dans le cinéma et produit notamment les trois premiers longs métrages de Didier Le Pêcheur [Des nouvelles du bon Dieu, J’aimerais pas crever un dimanche et Home Sweet Home] pour lesquels le producteur obtient l’Avance sur recettes. Fabrice Coat met également sa pugnacité au service du documentaire de création avec la furieuse ambition d’offrir au public « des films qui lui donnent les atouts pour mieux voir et mieux dire le monde ». Une phrase devenue l’un des slogans de Program33.
Défendre la production indépendante
« Je produis comme je regarde la télé, confie-il au journal Le Monde, en 2005. Pour moi, le documentaire est un formidable outil de découverte. J’aime m’immerger dans des histoires, des époques, des univers, des biographies ». Docufiction, œuvres mêlant animation et archives historiques, reconstitutions en 3D et témoignages bruts… : le producteur défend des programmes aux contenus exigeants dans le fond et novateurs dans la forme. Parmi ses productions récentes et emblématiques : les documentaires Notre Dame de Paris à l’épreuve des siècles (2019), L’Affaire Jeanne d’Arc (2021) et Nous paysans (2021), ou encore la série documentaire Décolonisations (2019). Quatre programmes accompagnés par le Fonds de soutien audiovisuel qu’il produit pour le service public auquel il était par ailleurs profondément attaché.
Figure de proue de la production indépendante, Fabrice Coat a continué à défendre ardemment la création au sein de l’USPA (Union Syndicale de la Production Audiovisuelle) dont il était un membre historique. Depuis 2020, il occupait la fonction de vice-président de la Commission documentaire de la structure auprès de Patricia Boutinard-Rouelle. Il a également fait partie de la Commission des producteurs de programmes télévisuels d’Unifrance entre 2021 et 2023.
Tout au long de sa carrière, Fabrice Coat n’a jamais cessé de repousser les frontières de la création au service du collectif et de l’intérêt général. Son crédo : innover, encore et toujours.
