Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, en marge des manifestations étudiantes contre le projet de réforme universitaire Devaquet, Malik Oussekine est battu à mort dans le hall de son immeuble par trois policiers voltigeurs. L’étudiant est devenu un symbole de la lutte contre les violences policières, mais son histoire et celle de sa famille restent méconnues. Dans une mini-série en quatre épisodes diffusée sur Disney +, Antoine Chevrollier (réalisateur d’épisodes de Baron Noir et du Bureau des légendes) revient sur la métamorphose de ce meurtre tragique en drame national, ainsi que sur l'intimité d'une famille décidée à obtenir justice. Plutôt que de traiter cette affaire comme un fait divers, le cinéaste se concentre sur les conséquences de cette page noire de l'histoire française, de son traitement médiatique à sa récupération politique. Il aborde également les mensonges d’État autour des circonstances de la mort de Malik Oussekine et de la « légitimité » de l'intervention policière. Antoine Chevrollier relie l'affaire Oussekine à la grande Histoire de l'oppression des populations immigrées en France. Il reconstitue ainsi la nuit du 17 octobre 1961 durant laquelle des manifestants algériens sont jetés dans la Seine par les forces de l'ordre.
Révélé par la série Messiah (2020) de l’Australien Michael Petroni, l’acteur Sayyid El Alami prête ses traits à Malik Oussekine, alors qu'Hiam Abbass (Succession) interprète le rôle de sa mère Aïcha. Les frères de Malik, Ben Amar et Mohamed – campés respectivement par Malek Lamraoui (Le Bureau des légendes) et Tewfik Jallab (Né quelque part) –, mais aussi sa sœur Sarah – jouée par Mouna Soualem (Tu mérites un amour) – ont participé à la conception de la série par le biais d’entretiens et de rencontres avec les comédiens. Ils ont également fourni à la production des affaires personnelles de Malik Oussekine, dont certaines portées la nuit de son décès. Dans un souci de réalisme, l'avocat de la famille Oussekine, Georges Kiejman (Kad Merad), et des journalistes ayant couvert l'affaire ont été interrogés. Cette histoire trop peu racontée fera l'objet d'une autre adaptation en film, Nos frangins de Rachid Bouchareb, présentée cette année dans la section Cannes Première.