Tout comme son compatriote Elio Petri (Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, 1970), Francesco Rosi est l'un des chefs de file du cinéma politique italien des années 60 et 70. L'Institut Lumière de Lyon lui accorde une grande rétrospective jusqu’au 24 janvier prochain, afin de se (re)plonger dans le cinéma engagé du réalisateur napolitain. Le cycle s’est ouvert avec la projection de Main basse sur la ville (1963), une séance présentée par Fabrice Calzettoni, responsable pédagogique de l'Institut Lumière. Dans ce film porté par Rod Steiger, Francesco Rosi filme une ville de Naples gangrénée par les spéculateurs immobiliers et les entrepreneurs peu précautionneux. À la suite de l'écroulement meurtrier d'une bâtisse sur un chantier, une commission d'enquête est créée afin de déterminer les responsabilités du drame, en dépit des nombreuses pressions pour étouffer l'affaire. Sa ville natale, Rosi la filme aussi à travers le personnage « bigger than life » de Salvatore Giuliano (1962), dit le « Robin des Bois sicilien ». Un bandit indépendantiste dont l'existence rocambolesque illustre la connivence historique entre le monde du crime organisé et celui de la politique.
La diffusion de Salvatore Giuliano le 13 décembre sera précédée d'une conférence sur Francesco Rosi en la présence du critique Michel Ciment. Il y évoquera le rôle joué dans le soutien et l’accompagnement du cinéaste de revue Positif, dont il est le directeur de publication, et qui vient de fêter ses 70 ans. En 1973, Rosi s'était approprié l'histoire d'une autre figure mythique de la mafia napolitaine avec Lucky Luciano. Dans l'une de ses nombreuses collaborations avec Francesco Rosi, Gian Maria Volonte y interprète l'intraitable gangster italo-américain, de son expulsion des États-Unis en 1946 à son ascension au sommet du trafic mondial d'héroïne, jusqu'à sa mort en 1962. Les deux hommes ont tourné quatre autres films ensemble, dont Les Hommes contre (1970), L'Affaire Mattei (1972), ou encore Le Christ s'est arrêté à Eboli (1979). À noter que cette rétrospective s'accompagne d'une ressortie en salle en version restaurée de Main basse sur la ville et de Cadavres exquis (1976) depuis le 16 novembre.