Comment mettre en lumière le dynamisme des adaptations d'œuvres littéraires ? Quelle est la place des œuvres littéraires francophones ? Son évolution ? Quels facteurs clés et impacts des adaptations à l’écran ? Et comment accompagner au mieux leur développement ? En association avec le CNC et la Scelf (Société civile des éditeurs de langue française), le Centre national du livre (CNL) a mené une étude sur les adaptations d’œuvres littéraires dont les résultats ont été publiés le 26 juin dernier. L’objectif : mesurer la place et l’impact des adaptations d’œuvres littéraires sur le marché 2015-2021 de la production cinématographique, mais également audiovisuelle, en France et à l’étranger. 29 000 œuvres ont été analysées sur une période de sept ans. Un comparatif a également été effectué entre la production française et celles d’autres pays, en Europe et aux États-Unis
Les adaptations : 33 % des entrées en salles
En 2014, la dernière étude conduite par la Scelf sur le sujet montrait déjà l’augmentation significative de la part des adaptations littéraires au cinéma en France entre 2006 et 2013. Cette nouvelle étude du CNL, en collaboration avec le CNC et la Scelf, actualise les données de 2014 en élargissant l’analyse aux productions audiovisuelles. Elle révèle notamment que les adaptations cinématographiques et audiovisuelles d’œuvres littéraires sorties en France, entre 2015 et 2021, ont progressé de 28 % en volume, portées notamment par l’audiovisuel et en particulier les séries. Près d’une œuvre sur cinq est donc adaptée d’une œuvre littéraire (hors pièces de théâtre et articles de presse). La littérature francophone parvient à tirer son épingle du jeu puisqu’elle représente 19 % des adaptations. Concernant le cinéma, les adaptations totalisent 33 % des entrées en salles en France.
La France, premier producteur européen
Cette étude montre également que la France se positionne comme le premier producteur d’adaptations d’œuvres littéraires en Europe (en part) devant le Royaume-Uni et l’Allemagne : 13 % des productions cinématographiques et audiovisuelles de l'Hexagone sont ainsi tirées de livres. Sur le territoire français, les productions jeunesse/animation affichent les plus forts taux d’adaptation (27 %) contre 15 % au niveau international où les films biographiques (17 %) et les livres de science-fiction/fantastique (16 %) se placent eux sur le podium des adaptations.
Si le marché des adaptations à l'écran représente une part stable et solide dans la production française, les mutations de l’industrie audiovisuelle liées, entre autres, au développement des plateformes de vidéo à la demande font évoluer les pratiques. Cette étude met en lumière plusieurs pistes d’action afin d’accompagner au mieux les éditeurs et les producteurs. Parmi les préconisations : sensibiliser les éditeurs aux attentes des producteurs (sur la chaîne de valeur, les enjeux, les lignes éditoriales…) ; développer un outil en ligne de référencement des oeuvres (indiquant notamment la disponibilité des droits) ; accompagner la phase de négociation des droits pour concrétiser les adaptations ; aider les éditeurs à traduire leurs livres, mais également à les promouvoir en développant de grands rendez-vous entre éditeurs et producteurs sur le modèle de Shoot the Book !. Initié par la Scelf, ce programme œuvre depuis dix ans à rapprocher le monde de l’écrit et celui des images via des séances de pitch, des master class et des rencontres professionnelles.