Frankie, interprétée par Diane Kruger (Frankie – 2006)
Frankie a 26 ans. Après une carrière de mannequin avortée, cet ange blond à la beauté froide et fragile a été hospitalisé dans une clinique psychiatrique et a tenté de s’y reconstruire. SDF de luxe, Frankie promène sa vie et sa valise entre hôtels bas de gamme, studios photo, bars, agences... avant de trouver chez un homme, Tom, une écoute, une amitié et peut-être même de l’amour.
Fabienne Berthaud : « Frankie donne le la de tous mes personnages à venir. C’est une jeune femme hypersensible, débordée par des trop-pleins d’émotion, incapable de résister à la violence de la société. Frankie va tomber très bas mais va faire preuve d’une capacité de résilience inouïe. Elle a la force de sa fragilité. Je m’identifie beaucoup à elle. Diane Kruger me le disait d’ailleurs sur le plateau, et n’a jamais cessé de me le faire remarquer au fil de nos expériences communes : “Je te joue toi.” Cela n’était pas quelque chose de conscient, mais c’est vrai que si je ne m’étais pas reconnue dans cette sensibilité-là, j’aurais été incapable d’écrire ce rôle. Je mets dans mes personnages ce que je ressens. Et puis Frankie, c’est bien évidemment la rencontre avec Diane. Cette expérience nous a soudé à vie : 27 jours de tournage répartis sur trois années, en fonction du financement que je parvenais à réunir, ce n’est pas commun. Diane n’a jamais abandonné le projet alors qu’au fil des mois, sa carrière décollait en France (Mon idole) comme aux États-Unis (Troie, Benjamin Gates…). Quand on n’a encore rien fait, qu’on se reconnaît et qu’on croit chacune l’une dans l’autre, c’est pour la vie ! »
Lily, interprétée par Ludivine Sagnier (Pieds nus sur les limaces – 2010)
Drôle, exubérante et insaisissable, Lily vit dans un univers fantaisiste en harmonie avec la nature, à la campagne, chez sa mère. Quand cette dernière meurt, Clara, sa grande sœur, quitte la vie citadine pour venir s’occuper d’elle. Côtoyer Lily la conduira à remettre son existence en question.
Fabienne Berthaud : « Lily est un personnage totalement désinhibé, dans lequel, là encore, je me reconnais. Ludivine Sagnier s’est tout naturellement glissée dans la peau de Lily car elle possède cette part de folie enfantine. Adapté de mon roman éponyme, Pieds nus sur les limaces est en quelque sorte mon deuxième premier film. Frankie, je l’avais fait seule. Là, j’étais entourée par une équipe et j’allais devoir apprendre à travailler avec d’autres, être capable de transmettre mes envies. J’angoissais tout particulièrement au sujet de ma relation avec la directrice de la photo, Nathalie Durand. Allais-je pouvoir garder cette liberté qui m’est essentielle ? Le personnage de Lily nous a permis de trouver une grammaire commune – qui sera celle de toutes nos collaborations par la suite. Au départ, Nathalie voulait poser sa caméra sur un pied et je m’y opposais car ce fil à la patte allait à l’encontre de la liberté que je recherchais. Mais pour accompagner un personnage aussi libre que Lily, il fallait sortir des cadres. Nathalie l’a compris dès le premier jour du tournage où elle a laissé tomber son pied. On a commencé en quelque sorte à danser, chacune avec sa caméra, autour de ce personnage et de tous les autres. Chez moi, comme chez Lily, tout est organique, vivant. Je prépare énormément en amont du tournage. Mais rien n’est fixé. Tout se joue sur le plateau. »
Romy, interprétée par Diane Kruger (Sky – 2016)
En vacances avec son mari dans l’Ouest américain, Romy décide de mettre fin à cette relation toxique et de reprendre sa vie en main, le temps d’un long voyage de Las Vegas aux plaines du Nevada, jalonné de rencontres improbables et intenses.
Fabienne Berthaud : « Romy est une femme qui a le courage de partir à l’aventure de sa vie. De tout plaquer sans avoir de lieu pour atterrir et sans savoir ce que sera son lendemain. Ce courage fou m’impressionne et c’est pour cela que j’ai aimé imaginer la beauté de ce qui va lui arriver au fil de son périple… Quand je me lance dans un scénario, je n’en connais jamais l’épilogue. Je tire un fil, je ne déploie pas un arc. Je vais là où le personnage m’emmène. Je me laisse surprendre. L’idée de ce film est née lors d’un dîner à Cannes après le prix de la Quinzaine des Réalisateurs que nous avions reçu pour Pieds nus sur les limaces. Avec Diane, nous nous sommes demandé ce qu’on allait faire ensuite. Et comme elle partait vivre aux États-Unis, elle a lancé l’idée d’y tourner un road-movie. Ce rôle de Romy, je l’ai donc écrit pour elle. J’adore la mettre à nu, lui enlever son make-up. Je ne connaissais pas du tout les États-Unis. Mais j’ai toujours eu en moi cette envie de partir à l’aventure vers ce que je ne connaissais pas. D’aller où je ne suis jamais allée. Mais pas toute seule. Je suis partie avec Pascal Arnold, mon coscénariste, qui connaissait très bien le pays. C’est lui qui m’a emmenée dans l’Amérique des laissés-pour-compte que des auteurs comme Jim Harrison ou Harry Crews ont si magistralement décrit. Je m’en suis nourrie en faisant mille photos et en allant à la rencontre des gens, comme je l’aurais fait pour un documentaire. Puis je me suis lancée. Je pars du réel car je ne sais pas fabriquer les choses. C’est le réel qui m’emmène vers la fiction. »
Corine, interprétée par Cécile de France (Un monde plus grand – 2019)
Partie en Mongolie enregistrer des chants traditionnels pour tenter de surmonter la mort de son compagnon, Corine voit sa vie bouleversée par sa rencontre avec la chamane Oyun. Celle-ci lui annonce qu’elle a reçu un don rare et doit être formée aux traditions chamaniques. Elle décide de commencer son initiation…
Fabienne Berthaud : « C’est la première fois que j’adapte le livre d’une autre, en l’occurrence celui, autobiographique, de Corine Sombrun, Mon initiation chez les chamanes. J’ai tout de suite été passionnée par cette femme et la manière dont elle a vécu le deuil de l’homme de sa vie, en prolongeant leur grande histoire d’amour à travers le chamanisme. Si j’y suis allée, c’est aussi parce que ce sujet touche au mystère de l’existence, à une autre perception de la réalité, à une culture des esprits. Comme beaucoup, je m’interroge sur ce qu’il y a après la mort. J’ai pensé que ce film allait me permettre d’en savoir plus, même si ce saut dans l’inconnu me faisait un peu peur, je l’avoue. Mais là encore, tout en partant du récit de Corine, je me suis approprié les choses, sans quoi je n’y serais pas arrivée. À la fin, j’avoue ne plus savoir distinguer le vrai du faux et je n’ai d’ailleurs aucune envie de le savoir. Chercher cela avec Corine, comprendre et respecter son existence a été captivant. Pour parvenir à écrire ce film, je me suis mise à sa place et j’ai entrepris le voyage qu’elle avait fait dix-huit ans auparavant, à cheval, en dormant dans les mêmes endroits. Pour ce rôle, j’ai fait appel à Cécile de France. Cette histoire ne venant pas directement de moi, je n’ai pas spontanément envisagé Diane [Kruger]. On en a parlé évidemment toutes les deux et cela nous est apparu aussi naturel à elle qu’à moi. À partir de là, j’ai eu trois actrices en tête à qui j’ai fait passer une audition très particulière. Des essais où je voulais voir leur capacité à rentrer en transe en leur mettant sur les oreilles une boucle de sons inventée par Corine avec des chercheurs. Cécile est celle qui m’a le plus impressionnée. En dehors de ses qualités d’interprète, elle possède ce tempérament d’aventurière, cette capacité à vivre coupée du monde pendant cinq semaines sans eau ni électricité. Elle m’a fait une immense confiance et notre complicité a nourri en profondeur le film. »
Joss, interprétée par Nadia Tereszkiewicz (Tom – 2022)
Joss est la mère de Tom, un garçon de 11 ans, avec qui elle vit dans un mobile home en lisière d’une forêt. Il prend soin d’elle autant qu’elle prend soin de lui. L’arrivée de Samy, un ex de Joss, va bouleverser cet équilibre fragile.
Fabienne Berthaud : « Cette Joss, je la connaissais sans la connaître. En 1999, bien avant de faire du cinéma, j’avais écrit Mal partout, un roman qui racontait l’histoire d’une mère et de son fils de 10 ans dont le père était parti. Mais le traitement était tellement noir et toxique qu’il m’était apparu totalement impossible de l’adapter en film. Et puis, plus de vingt ans après, les équipes de Rhamsa Production m’ont proposé d’adapter Tom, petit homme, tout petit homme, Tom de Barbara Constantine, dont ils avaient acquis les droits. Un best-seller de la littérature jeunesse. Quand je l’ai lu, j’ai tout de suite accroché. On a tous été des enfants et pourtant on se retrouve toujours face à un grand mystère quand il s’agit d’en parler, une fois adulte, car on n’a de cesse de s’éloigner de cette perception-là. Par ce geste, Joss m’a en quelque sorte permis de révéler mon héroïne de Mal partout sous un autre angle, de l’éclairer. Ce qu’elle vit est rude mais il y a une dignité et un avenir possible. Pour l’incarner, mes distributrices de Haut et Court m’ont suggéré le nom de Nadia Tereszkiewicz. Elle venait de tourner dans la série Possessions qu’elles avaient produite. Je ne l’avais jamais vu jouer mais une rencontre dans un café et une lecture m’ont suffi. Je me suis demandé quelle était cette groseille-framboise fougueuse, pleine de fraîcheur que j’avais devant moi ! (Rires.) Même si je ne l’ai pas choisie pour cette raison, elle a quelque chose de Ludivine Sagnier dans l’espièglerie, la profondeur, le regard… D’ailleurs, cela me donne une idée : j’adorerais un jour réunir Nadia, Ludivine, Cécile et Diane dans un même film. »
Tom
Scénario : Fabienne Berthaud, Gladys Marciano, Pascal Arnold d’après Tom, petit homme, tout petit homme, Tom de Barbara Constantine
Photographie : Nathalie Durand
Montage : Yorgos Lamprinos
Musique : Timothée Régnier
Production : Rhamsa Productions, Pictanovo Région Hauts de France, Move Movie
Distribution : Haut et Court
Ventes Internationales : France Télévisions