Locarno 2022 : la coproduction franco-brésilienne « Regra 34 » remporte le Léopard d'or

À l'image de la dernière Berlinale, le Festival du Film de Locarno a majoritairement récompensé le travail de réalisatrices lors de sa soirée de clôture ce samedi 13 août. Le Léopard d'or est revenu à la cinéaste brésilienne Julia Murat pour son sulfureux long métrage Regra 34 (Rule 34). Cette coproduction franco-brésilienne suit une étudiante en droit engagée en faveur de la défense des femmes maltraitées qui développe une fascination pour l'érotisme violent dans sa propre sexualité. 

« Il s'agit d'un Léopard d’or important pour une cinématographie telle que celle du Brésil, qui a défini des moments-clés de l'histoire du cinéma mondial. Un cinéma qui est en première ligne pour défendre l'idée d'un monde plus inclusif et plus libre. Regra 34 ramène le cinéma brésilien à la splendeur anarchique du "cinéma marginal". Une œuvre audacieuse et politique destinée à laisser une marque. Le corps devient un objet politique », a déclaré le directeur artistique du festival, Giona A. Nazzaro. 

Le film de Julia Murat est l'une des six coproductions françaises couronnées cette année à Locarno, avec Les aventures du Gigi la loi (Gigi la legge) du metteur en scène italien Alessandro Comodin, lauréat du Prix spécial du jury dans la Compétition internationale. Son troisième long métrage – après le documentaire L'estate di Giacomo (Léopard d'or dans la section Cinéastes du présent au Festival de Locarno en 2011) et la fiction I tempi felici verranno presto (2016) – suit un policier de campagne qui enquête sur une curieuse vague de suicides dans un village réputé sans histoires. Déjà passée par la Cinéfondation et la Semaine de la Critique, la réalisatrice costaricienne Valentina Maurel a raflé trois récompenses pour son premier long métrage, J’ai des rêves électriques (Tengo sueños electricos). Elle repart avec le Prix de la mise en scène accompagné des Prix d'interprétation masculine et féminine pour ses têtes d'affiche Reinaldo Amien Gutiérrez et Daniela Marín Navarro.

Le jury de la compétition Cinéastes du présent a, quant à lui, primé la beauté ésotérique de The Nightsiren (Svetlonoc) de la cinéaste slovaque Tereza Nvotová. Ce long métrage dans lequel les légendes anciennes fusionnent avec le réel a été couronné du Léopard d'or dans cette catégorie, tandis que How is Katia? (Yak Tam Katia ?), le drame sur le deuil de l'Ukrainienne Christina Tynkevych s'est vu attribuer le Prix spécial du jury. Le Prix du court métrage suisse est revenu à une coproduction française, à savoir la romance queer Euridice, Euridice de Lora Mure-Ravaud. On notera également la mention spéciale du Prix écologique WWF pour une autre coproduction hexagonale, It Is Night in America d'Ana Vaz, réflexion sur la problématique de l'extinction animale qui reprend les codes du cinéma d'horreur.