Plus de 45 ans après son assassinat, Pier Paolo Pasolini n'a rien perdu de son pouvoir de fascination. L'Institut Lumière de Lyon rend hommage à l'œuvre éminemment poétique et politique du cinéaste italien – également acteur, dramaturge et écrivain – à travers une grande rétrospective en copies restaurées, du 25 janvier au 23 mars. Le cycle débutera avec la projection de Mamma Roma (1962), une séance présentée par la directrice de la programmation du Festival Lumière, Maëlle Arnaud. Le deuxième film de Pasolini conte l'histoire d'une prostituée quadragénaire (Anna Magnani), dite Mamma Roma, bien décidée à refaire sa vie avec son fils de 16 ans. Tout comme dans Accattone (1961), Mamma Roma est un prolongement cinématographique de l'œuvre littéraire de Pasolini (Les Ragazzi, Une vie violente), dans laquelle il capture la beauté cachée des faubourgs populaires de Rome. Le jeudi 9 février, Julien Lingelser, professeur agrégé d’italien et auteur d’articles sur Pasolini, introduira le film Théorème (1968), dans lequel le quotidien d'une famille bourgeoise se trouve bouleversé par l'arrivée d'un mystérieux visiteur (Terence Stamp). Empreint de thématiques religieuses et sexuelles, ce film corrosif sur la société de consommation moderne a divisé l'Église catholique à sa sortie, en raison de sa représentation conjointe de l'obscène et du sacré.
La thématique de la religion, récurrente dans le cinéma de Pasolini, est également présente dans L’Évangile selon saint Matthieu (1964). Une interprétation cinématographique de la vie de Jésus dans la veine néoréaliste qui a remporté le Grand prix du jury à la Mostra de Venise. La diffusion de ce classique sera précédée d'une ciné-conférence animée par Fabrice Calzettoni, responsable de la médiation culturelle à l'Institut Lumière, et alimentée par de nombreux extraits filmiques. Après une rencontre centrée sur le rapport au corps dans Accattone le 16 février, la dernière conférence de la rétrospective sera donnée par le romancier, éditeur et critique René de Ceccatty. Auteur de plusieurs articles, études et entretiens sur Pasolini, il reviendra sur 40 ans de travaux consacrés au cinéaste-poète, avant la diffusion de l'œuvre la plus controversée de Pasolini : Salò ou les 120 journées de Sodome (1975). Un film testamentaire librement adapté des écrits du Marquis de Sade, dans lequel Pasolini dénonce le fascisme grâce à une mise en scène crue et implacable. La rétrospective s'accompagne d'une exposition dans les deux galeries de l'Institut Lumière, consacrée à la passion de Pasolini pour le ballon rond.