Mi-comédie, mi-drame, mi-conte, Debout sur la montagne suit les retrouvailles de trois jeunes adultes, Stan, Hugo et Bérénice, dans le village montagnard de leur enfance. Il est question d’amitié et d’amour mais aussi de mythes et de fantastique...
Vous dites que vos films puisent leur origine dans plusieurs sources. Quelles étaient-elles pour Debout sur la montagne ?
J’avais l’envie forte d’écrire une histoire d’amitié autour de trois personnages qui avaient vécu des choses très fortes dans l’enfance avant que la vie ne les sépare pendant longtemps. L’idée était de les réunir dans le lieu de leurs origines où quelque chose serait à nouveau possible. Je voulais aussi parler de notre époque et le faire dans un lieu éloigné du tumulte de la ville.
Les protagonistes se retrouvent en effet dans un endroit isolé, plus ou moins retiré du monde, comme souvent dans vos films. Pourquoi la montagne pour cette histoire ?
Je suis natif des Pyrénées et j’ai grandi dans un village assez proche de celui du film. J’ai une nostalgie de cette époque, du rapport à la nature et de la puissance, presque de la violence, de la montagne. Je crois beaucoup à l’influence des paysages sur les états d’âme des gens. J’avais envie d’un village isolé, difficile d’accès où l’on arrive par des routes sinueuses : si on arrive là, ce n’est pas pour rien. Dans ce genre d’endroit, les émotions sont exacerbées, par conséquent la comédie et le drame aussi. On a fini, après de longues recherches, par trouver ce village en Isère, dans la vallée de l’Oisans, niché à 1650 mètres d’altitude. Comme il n’y avait aucun hôtel et que l’accès était compliqué, on a demandé aux villageois (au nombre de neuf, en octobre...) de nous louer leurs maisons le temps du tournage. Moi qui aime me retrouver en immersion avec les comédiens et l’équipe, j’ai été servi ! (rires)
Le film est plus direct que d’habitude, plus frontal même si vous essaimez ici et là des éléments fantastiques. L’histoire se prêtait-elle moins au surréalisme que les autres ?
Je crois, oui. Ce n’est pas un film de “scénario” mais une espèce de chronique sentimentale. Ce n’est jamais facile d’écrire sur les émotions. Cela nécessitait une écriture simple, au plus près des personnages. Les comédiens avaient une grosse part de responsabilité par rapport à ça. Je leur ai demandé de puiser beaucoup en eux, de se dévoiler même un peu.
Bastien Bouillon avait déjà joué pour vous. Qu’est-ce qui vous a orienté vers Izïa Higelin et William Lebghil pour compléter votre trio ?
J’ai pensé à Izïa dès le stade de l’écriture, pour le personnage de Bérénice. C’est vraiment de l’ordre de l’intuition, nourrie par ce qu’elle dégageait dans les films des autres et dans les interviews qu’elle a données. Elle semblait avoir quelque chose de lumineux et de réfléchi qui résonnait avec Bérénice. Elle s’est retrouvée en elle aussi et a été un précieux soutien pour moi. Pour Stan, personnage très complexe atteint de schizophrénie, j’avais pas mal d’appréhension avant de rencontrer William qui m’a rassuré en partageant ma vision dénuée de cynisme ou d’ironie. C’était en prenant Stan au sérieux qu’on pouvait basculer dans la comédie et l’émotion.
Ce personnage, hanté par des visions fantastiques, fait basculer le récit dans l’imaginaire au même titre que celui joué par Jérémie Elkaïm, sorte de fantôme présent dans le cœur des protagonistes. C’est très japonais comme esprit.
Exactement. Un réalisateur comme Kiyoshi Kurosawa (Kaïro, Shokuzai) compte beaucoup pour moi. Il y a chez lui une façon naturelle de filmer les fantômes qui n’est pas séparée de la réalité. J’avais envie de glisser vers le fantastique de façon douce.
Dans quel lieu isolé allez-vous nous emmener prochainement ?
(rires) Je viens de tourner un court métrage à Amiens, un lieu très important, politiquement et socialement, mais pas spécialement isolé...
Debout sur la montagne, en salles le 30 octobre, a bénéficié de l’avance sur recettes avant réalisation, l’aide à la musique de films, l’aide sélective à la distribution (aide au programme) du CNC.