C’est l’actuel délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, qui est à l’origine de cette section officielle entièrement consacrée au cinéma de patrimoine. La première édition de Cannes Classics date de 2004. Lorsque Thierry Frémaux intègre l’équipe du festival, il est déjà en charge de l’Institut Lumière de Lyon qui diffuse et soutient la préservation des classiques du cinéma. C’est dans le prolongement direct de cette activité patrimoniale qu’il décide de célébrer les grandes œuvres du passé dans le cadre prestigieux du Festival de Cannes. L’aventure commence réellement en 2002 avec la projection officielle de Pépé le Moko de Julien Duvivier (1937) dans une copie numérique restaurée. La section Cannes Classics est officiellement créée deux ans plus tard lors de la 57ème édition du festival de Cannes.
Un hommage aux protecteurs du patrimoine
Cette section accompagne et vante le travail de nombreux professionnels (éditeurs vidéo, distributeurs indépendants, studios, cinémathèques…) qui œuvrent à la préservation du cinéma de patrimoine. En près de 20 ans, le développement du numérique dans la restauration des films a permis et facilité la préservation de beaucoup d’œuvres et parfois même sauvé de l’oubli des chefs-d’œuvre.
Les projections sont le plus souvent présentées dans la salle dite du 60e juste derrière le Palais. Certains membres de l’équipe des films en question, voire des témoins plus ou moins directs ou des personnalités désireuses de vanter les mérites d’un classique, assurent leur présentation.
L’une des projections les plus marquantes de Cannes Classics reste à ce jour celle de 2001, l’odyssée de l’espace dans une copie neuve 70mm lors de l’édition 2018. Ce monument SF de Stanley Kubrick fêtait alors son cinquantième anniversaire. Pour l’occasion le cinéaste Christopher Nolan, grand admirateur du film, avait donné une masterclass dédiée.
Des anniversaires incontournables
En 2019, Cannes Classics a célébré un autre mastodonte de Kubrick, l’horrifique Shining (1980), présenté lors d’une séance de minuit par le cinéaste mexicain Alfonso Cuarón. Easy Rider de Dennis Hopper qui embrasa en son temps la Croisette et changea la face de Hollywood, fête son cinquantième anniversaire la même année. L’acteur Henry Fonda était présent lors de la projection pour en vanter son éternelle jeunesse.
Quant à la comédie La Cité de la peur d’Alain Berberian portée par Les Nuls, 25 ans tout rond, elle a été présentée au Cinéma de la Plage – donc en plein air ! – par Chantal Lauby, Alain Chabat et Dominique Farrugia.
Cette année, lors de la 75e édition du festival, La Maman et la putain, le chef d’œuvre de Jean Eustache, fêtera ses 50 ans dans une version restaurée en présence de Jean-Pierre Léaud, Françoise Lebrun et Boris Eustache, le fils du réalisateur. Autres joyeusetés à célébrer : le 70e printemps de la comédie musicale Chantons sous la pluie, les 60 ans du Procès d’Orson Wells. Au programme également, des films restaurés de Martin Scorsese, Glauber Rocha, Fernando Arrabal et plusieurs documentaires consacrés à des figures du septième art comme Romy Schneider, Jane Campion ou encore Patrick Dewaere.