Souvent réduit aux archétypes bondiens, les héros du cinéma – et des séries – d'espionnage sont d'une diversité foisonnante. C'est le constat de l'exposition « Top Secret » qui célèbre la figure de l'agent secret à l'écran à la Cinémathèque française jusqu’au 21 mai 2023. Si les Ethan Hunt (Mission Impossible) et autres Jason Bourne (La Mémoire dans la peau...) sont devenus les visages du cinéma d'espionnage moderne, les commissaires de l'exposition Alexandra Midal et Matthieu Orléan ont également souhaité déconstruire « la représentation sexiste des espionnes, longtemps reléguées à la seule pratique du "Piège à miel" ». D'Ingrid Bergman dans Les Enchaînés (1946) d'Alfred Hitchcock à Marlène Dietrich dans Agent X27 (1931) de Josef von Sternberg, ces immenses héroïnes « permettent de réévaluer l’importance des femmes dans l’art du renseignement. » En plus de la diversité de ses héros, « Top Secret » souhaite également montrer que le cinéma d'espionnage ne se cantonne pas au genre de l'action. Il verse volontiers dans le pastiche comique (les OSS 117 de Michel Hazanavicius), la série B (Un espion de trop de Don Siegel) et séduit les plus grands noms du septième art (Conversation secrète de Francis Ford Coppola).
Au-delà des œuvres sur l'espionnage, l'exposition se donne aussi pour mission d'illustrer le rôle des techniques cinématographiques dans la guerre de l'information, des films de propagande aux enregistrements clandestins. Trois rétrospectives accompagnent cette plongée dans le monde dangereux des agents secrets, dont le cycle consacré à l'actrice autrichienne Hedy Lamarr, comédienne vénéneuse à la vie comme à l'écran, visible dans Le Démon de la chair (1946) d'Edgar G. Ulmer et Angoisse (1944) de Jacques Tourneur. La Cinémathèque française revisite également 20 classiques du film d'espionnage du 22 octobre au 27 novembre, avec une rétrospective mêlant Alfred Hitchcock (La Mort aux trousses, Les 39 marches...), Michael Winner (Scorpio, 1973) ou encore Ben Affleck (Argo, 2011).
